Création d'une maturité théâtre

 

Le thème de ce Mémoire en Gestion culturelle « Création d’une Maturité-Théâtre à Genève » est directement lié à ma double formation professionnelle de comédienne et d’enseignante de théâtre, professions que j’exerce simultanément ou en alternance depuis 1985.

Après huit ans d’enseignement de diction et d’Atelier-Théâtre au Cycle d’orientation, j’ai débuté mes cours au Collège de Genève en 1994. Cette même année, le travail de mise en place de la nouvelle Maturité ORRM s’effectuait tant sur le plan fédéral, que cantonal pour voir le jour à Genève en 1998.

 Durant ces quatre années, les comédiens-enseignants des Collèges de Genève ont travaillé en commissions pour défendre le maintien des cours de diction, particularité toute genevoise de l’enseignement de l’expression orale, complémentaire à celui du français. Maintien qui fut obtenu grâce au soutien ouvert et généreux des directeurs d’établissements et des enseignants de français.

Je me suis ensuite penchée sur l’enseignement du théâtre, dispensé en cours facultatifs, dont le statut est fragile puisque non inscrit dans la grille-horaire des élèves. En effet, la nouvelle Maturité propose sous la rubrique « Art » uniquement la musique et les arts visuels.

Craignant la disparition progressive des cours facultatifs en faveur des options officielles, j’ai souhaité valoriser la qualité du travail des Ateliers-Théâtre en créant un Festival d’Ateliers-Théâtre dès le printemps 1998. Un pont se concrétisait enfin entre mes métiers de comédienne et d’enseignante en y ajoutant celui d’organisatrice de festivals.

Face aux succès des quatre premiers festivals, j’ai désiré continuer à promouvoir l’enseignement du théâtre au Collège de Genève en utilisant le temps privilégié de la préparation de ce Mémoire en Gestion culturelle pour imaginer un projet genevois de Maturité-Théâtre.

Je me suis inspirée de l’article 69 de la CCS: « La Confédération peut promouvoir les activités culturelles présentant un intérêt national et encourager l’expression artistique et musicale, en particulier par la promotion de la formation » .

J’ai aussi retenu le conseil exprimé par Mme Yvette Jaggi, présidente de la Fondation suisse pour la culture Pro Helvetia, qui concluait son cours en Gestion culturelle le 5 décembre 2005 à Lausanne en ces termes :

« Les meilleurs prescripteurs en matière de culture sont les enfants ».

L’offre culturelle genevoise en général est extraordinaire, tant par la qualité de ses productions artistiques, que par le foisonnement des choix proposés. L’offre théâtrale pour le jeune public est proportionnellement aussi riche, lorsque l’on observe les programmations des principaux théâtres : Am Stram Gram, le Loup et les Marionnettes de Genève.

Les Commissions-Théâtre du Département de l’Instruction publique assurent un relais passionné entre écoles et théâtre, favorisant la formation d’un public averti et critique.

Les Conservatoires et les Ecoles d’art complètent admirablement l’enseignement dispensé dans les écoles publiques de l’Enfantine à l’Université.

Face à ces constats élogieux sur l’intérêt et les moyens mis en œuvre par les services publics pour offrir à une ville internationale comme Genève une vie culturelle enviable, je ne peux que m’interroger sur l’absence du théâtre dans l’enseignement du Collège de Genève, sachant que les Conservatoires complètent, mais ne remplacent pas un enseignement artistique d’école publique.

Le théâtre garderait-il une connotation subversive liée au pouvoir de la parole ?

C’est pour répondre à cette question, que je me suis intéressée à la place occupée par l’enseignement du théâtre dans le canton du Jura avec la Maturité-Théâtre du Lycée de Porrentruy, ainsi qu’en France avec le Bac-Théâtre.

Je me suis donc attelée à un projet genevois pour les Collèges de Genève, consciente de la difficulté de rassembler les élèves passionnés de théâtre de tout le canton dans un ou deux établissements.

J’ai souhaité confronter ce projet à ceux existant déjà en Romandie et en France pour mettre en évidence les points forts et faibles des différents systèmes et donc tirer parti d’expériences voisines fructueuses de longue date.

Pour effectuer ce cheminement, je me suis documentée aussi bien par des lectures et des consultations sur internet pour prendre connaissance des historiques de l’enseignement du théâtre, que par des entretiens et des enquêtes pour actualiser mes informations par des avis « sur le terrain ».

Ce Mémoire s’effectuant dans le cadre d’un Diplôme en Gestion culturelle, j’ai intentionnellement laissé de côté les aspects spécifiquement pédagogiques – qui pourront être traités dans un deuxième temps - pour mettre l’accent sur « le montage d’un projet » au sens gestionnaire du terme.

 

Puisse ce Mémoire rendre compte de la passion qui anime chaque acteur de l’enseignement du théâtre, un des derniers bastions de la transmission orale.