L'édition 1998

Genèse d’un projet

La première expérience extra-muros qui m’a été donné de vivre en tant qu’enseignante de théâtre, c’était en 1987 avec l’atelier-théâtre du Cycle des Colombières au Bois de la Bâtie: à l’occasion de la première “Opération Coup de main” (entraide Genève-Afrique) j’y présentais alors avec mes élèves un spectacle de clowns.

La seconde invitation me transporta avec l’atelier-théâtre du Cycle de l’Aubépine au Théâtre du Grütli en 1990 pour une création satirique sur les médias :  “Canal Aubépine”. L’enthousiasme et l’enrichissement des élèves au contact d’un vrai public furent tels que l’idée naquit de renouveler sous d’autres formes et en d’autres lieux ces expériences.

L’opportunité m’en fut donnée cette même année 1990, lors de la création du premier Festival d’Ateliers-Théâtre du CO au Cycle du Foron, à l’initiative de Geneviève Rapin et Gérald Chevrolet :  une journée entière de théâtre offerte aux élèves, qui pouvaient d’une part se produire et d’autre part assister à six spectacles.

En mai 1997, j’ai emmené mes élèves de l’Atelier-Théâtre du Collège Rousseau en tournée à la Maison de retraite du Petit-Saconnex. Lors de cette représentation des “Rustres” de Goldoni, les élèves ont eu l’impression de faire un cadeau aux retraités, peu habitués à la présence d’adolescents dans leur établissement. A la fin du spectacle, l’émotion et le plaisir d’un moment partagé se lisait sur tous les visages :  pour une fois, des personnes âgées et des adolescents échangeaient sur le théâtre, faisant ainsi tomber la barrière des générations.

Parallèlement à ces quatre expériences théâtrales, mon travail en commission de français et diction pour la mise en place de la nouvelle maturité fédérale (ORRM) a nourri ma réflexion sur la place de la culture dans la formation de l’élève, le développement de la personnalité et la confiance acquise à travers des cours facultatifs, tel le théâtre, et la notion de régionalisation (enseignement dispensé au niveau de plusieurs établissements d’une même région).

Cette réflexion m’amena petit à petit à l’idée de la création d’un FESTIVAL D’ATELIERS-THEATRE, regroupant l’ensemble du post-obligatoire sur une scène professionnelle. Monsieur Jean-Pierre Ballenegger, responsable des affaires culturelles du DIP, me suggéra d’ouvrir le projet aux ateliers-théâtre de l’Université, ce qui sera une première expérience du genre, proposition à laquelle se rallia avec enthousiasme Madame Annie Lefèvre, responsable des Activités culturelles de l’Université.

Il fallait encore trouver un théâtre, de situation centrale à Genève, dirigé par un directeur curieux et ouvert à l’accueil du jeune théâtre et expérimenté dans les échanges avec les écoles :  Monsieur Philippe Macasdar, directeur du Théâtre Saint-Gervais, premier contacté, fut immédiatement intéressé par l’aventure.

En août 1997, le projet du FESTIVAL D’ATELIERS-THEATRE 1998 a reçu les subventions du service des affaires culturelles du DIP et du service culturel de la Direction générale du post-obligatoire, avec le soutien actif de Monsieur Manuel Tornare, responsable de la Commission Théâtre.

Créer des ponts entre écoles et théâtre professionnel, entre les différents niveaux scolaires, entre le post-obligatoire et l’Université, offrir une audience plus grande entre les élèves-spectateurs et le public du Théâtre Saint-Gervais, permettre aux élèves d’ateliers-théâtre de se confronter à une scène et une équipe professionnelles, sensibiliser un plus large public aux activités culturelles scolaires, à la formation des jeunes et à leurs débouchés sur le marché de l’emploi :  voilà quelques uns des objectifs recherché à travers ce Festival.

Si le succès est au rendez-vous, l’expérience pourra se renouveler sous forme de Biennale en changeant de théâtre d’accueil et, pourquoi pas, en créant des échanges avec “LES RENCONTRES JEUNES-THEATRE” de l’Auditorium de Seynod à Annecy, qui me l’ont déjà proposé cette année.

Marie-Christine Epiney